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RETOUR SUR L’ATELIER VJING AU SECOURS POPULAIRE
C’est une création et/ou une manipulation de l’image via la médiation technologique en direction d’un public, le tout synchronisé avec de la musique. L’image est transformée en instrument et permet un jeu spontané comme la musique. La performance VJ la plus courante est la production et le mixage d’images vidéo en temps réel et en interaction avec la musique, à l’aide de machines (table de mixage vidéo, générateur d’effets).
Le « video-mapping » en est une extension, mais en projection 3D sur des formes et/ou bâtiments.
Entre vidéo, cinéma et musique, performance, concert et projection, le VJing est l’une des pratiques audiovisuelles les plus hybrides. Il s’agit d’une manipulation d’images en direct en fonction d’une composition musicale. Le VJing s’inscrit dans la lignée des pratiques transformatives, telles que le mashup, qui consiste à faire une œuvre audiovisuelle originale à partir d’images et de sons préexistants.
LE SECOURS POPULAIRE / PREMIER EXPERIMENTATEUR ALSACIEN DES ATELIERS VJING
Les 22 février, et 4 avril derniers, l’artiste et Vidéo Jockey Sébastien Van Der Kwast (Svdk Vedeka) a mené un atelier VJing au Secours Populaire du Bas-Rhin à son accueil de la Meinau.Une rencontre avec la coordination régionale Passeurs d’Images portée par Alsace Cinémas et les responsables du Secours Populaire a permis de développer cette pratique adaptée aux contraintes de l’association.
L’expérience a été bien reçue par les bénévoles anciens bénéficiaires de l’association, et a ensuite été expérimentée avec un public d’adolescent dans un second temps.
Par passage individuel, en binôme ou trinôme, les participants de l’atelier ont pu s’exprimer à travers ce média et être ainsi initiés à cette technique par un professionnel, pionner de la discipline.
La spontanéité et le côté ludique du Vjing attirent les adolescents venus avec les familles bénéficiaires du Secours Populaire. Le fait qu’elles ne maîtrisent pas forcément le français n’est pas un frein à la pratique d’un tel atelier (ce qui n’est pas le cas de la réalisation cinéma par exemple). L’anonymat est respecté également, les inscriptions ne sont pas obligatoires mais un rendez-vous régulier peut permettre aux publics d’en bénéficier via leur passage au Secours Populaire.
L’expression de soi et la découverte d’une nouvelle technique sont valorisants pour eux. L’intervenant a déjà travaillé avec divers publics, dont des allophones, et son savoir-faire est apprécié. Les deux premières expériences se sont révélées être très satisfaisantes.
Le VJing : qu’est-ce que c’est ?
Extrait d’un entretien avec Romuald Beugnon, créateur de la Mashup Table
Le VJ est à la vidéo ce que le DJ est à la musique.
Un VJ est un video-jockey ou un visual-jockey, il peut, suivant les cas, se contenter de diffuser des clips musicaux en les enchainant habilement, remixer des images existantes ou, même, improviser ses propres films en direct.
Origine : Le mot VJ a été inventé par Merrill Aldighieri, réalisatrice new-yorkaise qui, à partir de 1980, a improvisé, en fonction de la musique, des ambiances visuelles pour une boite de nuit nommée « Hurrah ». Par la suite, le terme a été popularisé par la chaine MTV, qui a diffusé de nombreux « mash-up », sorte de remix musicaux et visuels de deux clips. De fait, le VJing a longuement été associé au dancefloor, en « accompagnement » de la musique. Mais de plus en plus de VJs se sont émancipés et ont utilisé leur savoir-faire lors de concerts, de spectacles de théâtre ou de danse, ou lors de performances audiovisuelles proches de l’art vidéo.
Comment ça marche ? A la fin de leurs performances, les VJs sont souvent assaillis de questions de spectateurs intrigués par l’aspect magique de l’improvisation visuelle et la plupart du temps, prennent le temps d’expliquer comment fonctionne leur configuration matérielle ou logicielle et même faire des démonstrations techniques. Avec le progrès technologique, la difficulté technique pour l’opérateur a fortement diminuée. En effet, les premiers VJs étaient obligés d’utiliser plusieurs magnétoscopes, de nombreux moniteurs de contrôle et des tables de mixages vidéo qui faisaient ressembler leurs espaces de travail à de véritables régies de télévision. Avec l’avènement de la vidéo numérique, un simple ordinateur relié à un vidéoprojecteur est suffisant.
Les logiciels : Il existe de nombreux logiciels purement dédiés au VJing. Toutefois, à l’heure où j’écris ces lignes, le marché se concentre autour de 3 applications : GrandVJ, Resolume et Modul8. La métaphore la plus souvent utilisée par les logiciels de VJing est celle de la matrice : les différents samples vidéo choisis pour la performance sont disposés sur une grille, et le VJ n’a plus qu’à cliquer sur l’image qui l’intéresse pour la jouer instantanément. D’autres logiciels utilisent la métaphore du clavier musical : une image correspond à la note do, une autre à ré, etc. A l’aide d’un clavier de synthétiseur (utilisant le protocole midi), le VJ peut donc littéralement « jouer » ses vidéos. Les logiciels ne se contentent pas de lire les images sélectionnées, mais permettent également d’intervenir sur leur rendu en temps réel. On peut alors jouer sur la vitesse de défilement, scratcher les images, modifier leur taille, leur position sur l’écran, leur étalonnage, etc. Ici, c’est Resolume qui sera utilisé, avec un contrôleur midi adhoc.
Le matériel : Bien que les logiciels puissent être intégralement pilotés à la souris, il est beaucoup plus efficace d’utiliser un contrôleur matériel. En ce moment, la configuration que j’utilise, en atelier comme en performance, est la suivante : pour lancer les vidéos, un contrôleur en forme de matrice, le Novation Lanchpad ; et pour mixer les images et régler les effets, une mini table de mixage, le Korg Nano Kontrol. Il existe également des contrôleurs dédiés comme le Codanova VMX V64. Certains VJ férus d’électronique ou de programmation construisent leur propre matériel ou détournent des objets à la mode comme la Wiimote ou l’ipad. Par ailleurs, on trouve sur le marché des solutions de mixage vidéo purement matérielles, telle que la Vixid VJX 16-4, permettant, par exemple, de mixer « à l’ancienne » sans passer par un ordinateur.
Elaboration d’une performance et écriture : Le travail d’élaboration commence par de l’écriture autour d’une idée forte, ou d’un concept. Il ne s’agit pas forcément d’écrire un scénario avec des dialogues (bien que cela reste possible), mais de trouver dans quelle direction chercher les images nécessaires.Par exemple, j’ai eu l’occasion de réaliser deux performances pour le festival « Pocket Films ». La première année, le thème était « Toi Moi Nous Vous ». J’ai alors décidé de travailler sur le couple et son rapport au reste du monde. Partant de cette idée, j’ai cherché des idées de séquences en pensant à mon propre couple. L’année suivante, l’écriture préalable était beaucoup plus sommaire et se résumait à une phrase : « Remixer l’ensemble des films du festival ».
Collecte des images : Il s’agit bien de collecte et non pas forcément de tournage. En effet, si la plupart des VJs sont également vidéastes ou réalisateurs, il est tout à fait possible de faire une performance en n’utilisant que des images préexistantes. Pour « Toi Moi Nous Vous », j’ai mélangé des images fictionnelles et des plans documentaires tournés expressément pour l’occasion, avec des « archives personnelles » en ma possession depuis longtemps. J’y ai, par la suite, adjoint des images de téléphone portable que m’avaient envoyées des spectateurs du festival. Pour « Pocket Films Remix », en revanche, aucune image ne m’appartenait puisqu’elles étaient toutes issues des films sélectionnés par les organisateurs du festival. Outre les différentes natures d’images que j’ai déjà évoquées, beaucoup de VJs utilisent des images abstraites générées par ordinateur en temps réel : fractales, paysages en 3D, visualisations géométriques de la musique…
Fabrications des « samples » : Une fois les images tournées et/ou collectées, il faut choisir les plans les plus pertinents dans un logiciel de montage tel que Final Cut Pro ou Premiere. Le plus souvent, on tentera de créer des boucles visuelles correspondant à une action simple, ce qui permettra une utilisation rythmique des images. Une fois sélectionnés, les plans (ou groupe de plans) seront exportés sous forme de samples lisibles par les logiciels de VJing.
Composition de la performance : Les différents samples sont ensuite insérés dans le logiciel de VJing. On appelle « deck » ou « banque » un ensemble de samples présentés sur un même écran. La façon dont on répartit les images sur la matrice fait office de pré-montage : la plupart du temps, on positionnera côte à côte des samples destinés à être joués successivement. Chaque sample peut être placé plusieurs fois, avec différents réglages de vitesse ou d’effets. L’ensemble des decks constitue un « set » de VJing.
Assignation et prise en main : Qu’il utilise un clavier de synthétiseur ou un contrôleur en forme de matrice, le VJ a ensuite la possibilité d’affiner les liens entre son interface matérielle et la visualisation de son deck. Par exemple, un sample qui doit revenir de façon récurrente et rythmique sera placé sur une touche facilement identifiable du contrôleur. Cette partie du travail s’apparente à de la lutherie numérique : le VJ se construit un instrument de « musique visuelle ». Une fois cet instrument conçu, il convient de le maîtriser. Suivant le type de performance, il faudra être capable d’improviser de manière intuitive ou de suivre un « scénario-partition ». La plupart du temps, le VJing s’apparente à du free-jazz : on joue sur un canevas bien défini tout en se réservant la possibilité d’improviser suivant son humeur ou les circonstances.
Documentaire: Le VJing, une pratique inarchivable?