Boîte à idées
Ateliers médias : détournement d’images
Réfléchir sur les images
© Austin Distel/Unsplash
Résumé du concept
Le cinéma et la télévision, à des degrés différents, jouent sans cesse avec la croyance en la véracité de l’image. Même dans un film de fiction, le cinéaste manipule le spectateur consentant pour lui raconter une histoire. En documentaire, l’objectivité n’est qu’une illusion. Le spectateur est sans cesse guidé dans son regard par les choix, conscients ou inconscients, de filmage et de montage.
Une image en elle-même n’est ni vraie ni fausse. Elle est le résultat d’un point de vue (choix du sujet, du moment de la prise, du cadrage, de l’angle de prise de vue, de ce qui est visible et de ce qui reste hors-champ, etc.). Par ailleurs, de nombreux éléments influencent la perception de cette image par le spectateur : le montage, la voix-off (ou la légende s’il s’agit d’une photo), le contexte dans lequel elle est présentée (médias, réseaux sociaux), les connaissances préalables du spectateur…
Dès lors, il s’avère souvent aisé de construire un faux documentaire ayant toutes les apparences d’un vrai. C’est ce qu’ont fait avec brio Peter Watkins, dans Punishment Park par exemple, ou William Karel dans Opération Lune.
L’atelier médias : détournement d’images propose de construire une fausse vidéo en reprenant les codes du documentaire.
Objectifs, intérêts
L’atelier médias : détournement d’images permet en premier lieu de prendre conscience de la puissance du montage et de la voix-off. Ainsi, les participants développent de façon ludique leur capacité à décrypter les médias et à aborder l’image avec un œil critique. Le détournement est aussi une forme de jeu qui sollicite leur créativité. Par ailleurs, cet atelier permet d’apprendre les bases de l’utilisation d’un logiciel de montage.
Déroulé
L’atelier médias : détournement d’images commence par une phase de visionnement, qui permet de mettre en lumière les différents moyens de manipuler le spectateur par le montage, la voix-off, etc. Ensuite, plusieurs mises en application sont envisageables. Les participants peuvent partir d’une vidéo existante. Dans ce cas, il faut la choisir et réfléchir à la façon dont on peut la détourner. On peut garder les mêmes images et modifier seulement la bande-son. On peut aussi remonter les images. Les participants peuvent également filmer des images et réaliser deux montages différents avec ces mêmes images. Par ailleurs, des procédés de modification des images elles-mêmes peuvent être utilisés : effacement d’un personnage, incrustation…
L’atelier se termine en montrant la vidéo réalisée à des spectateurs qui ne connaissent pas le projet, pour observer leurs réactions et engager une discussion à l’issue de la projection.
Ressources
Atelier doublage sur le site du RECIT
Logiciels de montage : liste sur le site du RECIT
Matériel en prêt au RECIT :
caméscopes
mallette son
tablettes
Dans le cadre de #FABRIQUETONMEDIA, une classe du collège de Ribeauvillé a réalisé deux faux reportages sur le thème « Info-Intox ». L’un d’eux en cliquant ici.
L’équipe de Spicee et Thomas Sotto se sont déplacés dans une classe pour montrer aux élèves qu’avec les mêmes rushes, il est possible de raconter plusieurs histoires.
Le réalisateur William Laboury a encadré des lycéens pour créer une fausse vidéo complotiste : Révélation, la véritable identité des chats, 2016
William Laboury a l’habitude de travailler à partir d’images déjà existantes qu’il monte ensemble et intègre dans une narration. C’est le cas dans la fiction Hotaru, 2015.
Chris Marker, cinéaste voyageur, facétieux, adepte de nouvelles technologies, n’a cessé de démontrer la puissance du montage. Dans Lettre de Sibérie (1957), il expérimente trois voix-off différentes sur les mêmes images.
Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette ont réalisé en 1993 un film de montage à partir de grands classiques américains, montés et doublés par leurs soins sous forme de parodie : La Classe américaine, Le Grand Détournement.
Histoire de l’appropriation et du détournement audiovisuels sur UPOPI